La synecdoque est une figure de style de substitution qui est une sorte spécifique de métonymie. Elle consiste à remplacer un terme par un autre qui lui est associé par un rapport d’inclusion. On retrouve cette figure de style dans différents types de textes.
« Puis un matin, nous avons entendu un hélicoptère qui survolait nos têtes. »
— Manikanetish, p. 109, Naomi Fontaine[1]
Dans cet extrait, le groupe de mots nos têtes remplace les corps en entier.
Ma grand-mère portait toujours, lorsqu’elle allait à l’église, son trop long manteau de vison.
Dans cet extrait, le mot vison remplace la fourrure de vison.
Le Canada décroche l’or au Championnat du monde de tennis sur table.
Dans cet extrait, le groupe de mots Le Canada remplace un joueur canadien de tennis sur table.
Pour repérer une synecdoque, il faut porter une attention particulière aux termes qui en remplacent d’autres avec lesquels ils sont associés par un rapport d’inclusion. En d’autres mots, la synecdoque est composée d’un terme qui en sous-entend un autre ayant un sens plus large ou, au contraire, un sens plus limité. Voici quelques exemples de liens sur lesquels cette figure de style peut se construire.
Lien formant une synecdoque |
Exemple |
Le tout et la partie |
L’usine crachait une fumée toxique qui répandait sur la ville une odeur nauséabonde. Dans cet extrait, le tout, l’usine, remplace la partie, la cheminée de l’usine. |
L’objet et la matière |
« — Si vous faites un pas de plus, d’Artagnan, dit-il, nous croiserons le fer ensemble. Dans cet extrait de roman, la matière, le fer, remplace l’objet fait de fer, l’épée. |
L’espèce et le genre |
« La bête a lâché sa sécrétion nauséabonde mais Marianne s’en fiche. » Dans cet extrait de roman, le genre, la bête, remplace l’espèce, une moufette. |
La synecdoque est une figure de substitution, car elle crée un rapport d’équivalence entre deux éléments. Elle permet de faire ressortir une caractéristique de la réalité qu’elle représente pour en dégager un sens, parfois mélioratif ou péjoratif. Ainsi, elle peut embellir, atténuer ou dévaloriser ce qu’elle décrit.
Lorsqu’on interprète une synecdoque, il faut tenter d’émettre une hypothèse sur son sens en se basant sur l’effet créé par le remplacement et le contexte de l’œuvre. Voici un exemple de question d’interprétation à partir d’un extrait de texte et des pistes de réponses possibles.
Dans cet extrait du roman Le coup de la girafe, le narrateur, un adolescent de 15 ans qui a, selon les médecins, les capacités intellectuelles d’un enfant de 6 ans, se fait interpeller dans l’autobus par un garçon imposant. Ce dernier l’oblige à s’assoir à côté de lui. Selon toi, que révèle la synecdoque mise en gras sur l’état psychologique du narrateur dans l’extrait suivant?
« Genoux collés, sac sur mes cuisses, mains l’une sur l’autre, je n’ose lever le menton. Je sens le regard de mon voisin me scruter des pieds à la tête aussi surement qu’un scanner. Du coin de l’œil, je perçois le rictus moqueur de ses lèvres. Imbault a quatorze ans, peut-être quinze comme moi. En tout cas, il est costaud. Et bête. »
— Le coup de la girafe, p. 16, Camille Bouchard[6]
Il existe d’autres figures de substitution.